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Récit d’un rêve


 

Je vais passer une journée dans une banque. C’est ce que j’interprète car je suis accompagné par une cadre-supérieure-à-talons-hauts-qui-claquent vers un petit bureau sur lequel je pose mon sac à dos.

 

C’est une grande agence du Crédit agricole je crois, mais à l’ancienne, avec des boiseries, des étagères d’archives aux murs et une myriade de collaborateurs et collaboratrices qui s’agitent dans un espace ouvert et parlent dans des téléphones à fil. 

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Après l’espace où se situe mon bureau, il y en a un deuxième, plus large, où elle m’accompagne également pour me présenter à un type assis dans une grand fauteuil. Il a l’air important. Une fois les présentations faites, elle lui montre un film basé sur lui. 

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Le film fait l’apologie de sa manière de classer les dossiers. Ce sont des dossiers dans des chemises cartons pastel : roses, jaunes, vertes ou bleus. Dans le film on voit qu’il les compresse comme des petits césars cuboïdes, mais presque sans les toucher, par une forme de pouvoir magique. Les dossiers deviennent ainsi des petits paquets aux coloris variés. Puis le type les empile selon sa logique, disons chronologique, et son bureau est entouré des ces empilements de dossiers en cubes compressés. 

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Mais lorsque mon regard quitte l’écran, je me rends compte que le film ne correspond pas à la réalité. Il n’y a autour du bureau que des chemises neuves emballées dans de la cellophane et des dossiers classés dans des portes dossiers tout à fait classiques. 

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La cadre supérieure et le type semblent néanmoins très satisfaits par l’effet produit par le film. Moi j’y perçois la tromperie d’une banque envers son public. 

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Je retourne vers mon bureau et le dépasse pour aller dans l’espace ouvert ou ça fourmille toujours d’appels téléphoniques et d’exclamations. 

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Je reconnais des employés, réellement ou imaginairement croisés dans mon travail. 

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La cadre supérieure me rejoint et me dit qu’elle va me présenter à tout le monde. 

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Chaque collaborateur et collaboratrice commence alors à se diriger vers le centre de l’espace ouvert en entonnant des sons ou une chanson dont je ne perçois pas les paroles. On dirait une procession d’hypnotisés guidés vers un culte improvisé. 

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Des tables sont dressées au centre de la pièce où nous attendent des verres et des petits-fours. On s’apprête à saisir les verres, la cadre supérieure va dire un mot, quand soudain un employé me désigne du doigt avec des yeux ronds et dit : 

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« Je le connais lui, il m’a fait écouter une chanson des Massilia Sound System qui se moque des banquiers ! »

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Brouhaha dans la salle, désapprobations à mon encontre, et l’employé qui m’a pointé montre la chanson à ses collègues… peut-être sur un téléphone. 

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La colère monte, on commence à m’invectiver, à vouloir me mettre dehors, c’est toute la banque qui se braque.

 

(Je démarre alors un discours mais je me réveille – réellement – car je sens qu’il faut que je le prépare un peu. Mon discours peaufiné, je retourne dans un état de sommeil relatif.)

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- « Oui c’est vrai, j’ai fait écouter à Monsieur une chanson de Massilia sur les banquiers ! Mais avant de vouloir me mettre au bûcher, vous devriez réaliser que vous, comme moi qui suis agent immobilier, exerçons des métiers d’argent qui provoquent la caricature, voire la détestation. Alors plutôt que de s’en vexer travaillons plus honnêtement et il y aura moins de chansons qui se moquent de nous. Et essayons de prendre les choses avec un peu plus de recul. 

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Puis saisissant mon verre et devant les banquiers statiques :

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Levons nos verres au second degré ! ».

 


FIN
 

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